7/02/2009

Une cravate + un crète= un mec bien !

Lisez La France des cavernes chez article XI c'est juste trop bien .

Ce matin, comme souvent le mercredi matin, on fait la sortie du collège avec un collègue. Un môme de 16 ans, parmi les pires trublions de son âge, vient me voir et me claque, comme ça, de but en blanc : « Hé, dis Ubi, t’as pas une canne à pêche ? ».

Bon, les conneries des mômes, je suis un peu habitué, mais là faut dire que le brave Mourad m’en bouche un coin et que je scotche dix bonnes secondes. « Euhhhh, ben, pour faire quoi ? ». Il me regarde comme si je venais de la planète Mars et m’assène d’un ton qui ne saurait être que celui de l’évidence : « Trop envie d’aller pêcher cette aprème… »

Là, faut vraiment dire que j’hallucine grave. Mourad, c’est le genre de loustic que ça fait deux ans qu’on essaie de trouver le moyen de l’accrocher pour des sorties, des accompagnements, des rendez-vous, des tout-ce-que-tu-veux parce qu’on sent qu’il suinte le mal de vivre et l’herpès, et v’là t’y pas qu’il me tend une perche de malade (c’est le cas de le dire) et me balance ça comme s’il me demandait deux feuilles pour rouler son joint.

Réflexe d’éduc à qui on ne la fait pas, différer la demande, voir si elle tient toujours, si c’est pas une feinte juste pour te la jouer à l’envers. Je lui file donc rencard à l’autre bout de la ville à 15 heures devant le Décathlon - tout en sachant qu’il devrait être à son entraînement de foot à cette heure-là - , pour voir si son désir est plus fort que la contrainte que, bassement, je lui impose.

J’arrive à l’heure dite. Mourad sort flanqué de deux potes et me raconte par le menu les cannes à pêche, leurs propriétés respectives, les prix et la converse qu’ils ont eu avec le vendeur. Je me retiens de leur tomber dans les bras et de leur faire des bisous. On rentre dans le magasin et en ressort une demi-heure plus tard, une jolie canne prête à l’emploi sous le bras pour laquelle j’ai avancé 20 dollars. Il me signe une reconnaissance de dette.

Direction, les quais de Seine, à travers la zone industrielle. Moment un peu surréaliste, Mourad fier comme Artaban, avec sa canne à pêche de 3 mètres 50 à l’épaule, me balance ses emmerdes, son casier aussi peu vierge qu’une actrice de porno, sa convocation au tribunal pour début juillet, son inculpation pour "tentative de vol en réunion", avocat comm’ d’off’ qui s’en contrebat les couilles, le flip de la prison, voilà quoi, un pan de vie qui se lâche d’un coup, tout ça sous le regard médusé des passants voyant trois lascars avec une canne à pêche discutant avec un mec à crête et à cravate.

4 commentaires:

  1. Je ne me lasse pas de lire ces articles.

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  2. Ça me rappelle le petit Djamel, 9 ou 10 ans, qui voulait attraper une araignée d'eau pour la voir de plus près mais qui n'y arrivais pas. Il commence à s'énerver grave, parce que l'entreprise est plus ardue que prévu et que les bestioles ne se laissent pas faire, les fourbes, puis au comble de la frustration il sors cette réplique : "Vazy l'araignée, j'nique ta mère !"

    Mort de rire, je lui ai rappelé qu'il ne s'agissait que d'un insecte xD

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  3. Edit : le petit s'appelait Fahti, Djamel c'était son grand frère qui se cognait la tête contre les murs pour s'endormir :( mais qui était génial à faire son lascar pendant le petit déjeuner avec ses Air-max... et son pyjama :)

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