8/25/2009

Le travail de Nadir Dendoune

Lisez le c'est bien:

Son jardin est beau, je vous le jure, le vieil homme l’aime comme on aime son enfant mais ses fruits manquent cruellement de lumière, et d’eau, parce que l’amour ça suffit pas toujours. Ses fruits bégaient, ils peinent à mûrir, ils peinent à grandir, ils sont aussi dur que le Mur de la honte. Son verger aurait besoin également de bras, mon ami a 79 ans et il s’occupe de tout, tout seul. Il parle et tu ne peux pas interrompre quelqu’un qui te donne autant.

Puis il se tait, un long silence s’abat. Il sourit et pousse péniblement sur ses bras pour hisser son corps vers le haut. Il se déplace à l’aide de béquilles et se repère dans son jardin peau de chagrin en tapotant les fruits qui pendent à ces arbres : je crois que sa vue est partie en même temps que ses terres. J’ai envie de le serrer dans mes bras, à la manière d’un fils qui retrouve son père, parti au combat.

Je le suis à bonne distance, avec pudeur. Il me montre avec fierté ses grenades, me dit d’en apporter une avec moi, ce sont de beaux fruits malgré tout, les raisins, eux, sont rachitiques, ils sont ridés de partout. Je le regarde beaucoup, je regarde ses mains, je croise son regard, c’est sûr : ce bonhomme a toujours été courageux. Il a perdu un œil, une maladie, il n’en dira pas plus. Il lui reste l’œil gauche. Il continue à vérifier les plantes de son potager, marche d’un pas laborieux et rien qu’à le voir, tu as les larmes qui te montent aux yeux.

Israel-Palestine voyage au coeur des peuples dans L'Huma un journal décidément pas si mal

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